Le troisième jeudi de novembre

Chaque année, le troisième jeudi de novembre est l’occasion de faire sa fête au Beaujolais Nouveau. Et c’est toujours la même rengaine. Le Beaujolais Nouveau, c’est de la piquette au goût de banane dont les ventes sont soutenues par un marketing débridé qui permet d’écouler des hectolitres de ce tord-boyaux infâme dans lequel les japonais vont jusqu’à se baigner. Sauf qu’à bien y regarder, et idéalement à bien y goûter, le Beaujolais Nouveau, c’est tellement plus charmant, tellement plus convivial, tellement plus l’occasion de célébrer la vraie raison d’être du vin. Le vin est une boisson, un lubrifiant social, un plaisir à partager, sans se casser la tête, au propre, comme au figuré. Alors oui, le jeudi 15 novembre 2018, nous boirons du Beaujolais, mais pas uniquement du nouveau.

Pourquoi « Nouveau » ?

En ce qui concerne le Beaujolais Nouveau, c’est n’est pas d’office grimaces et mal de tête garantis, et c’est plutôt logique. Tout d’abord, le vin nouveau, ce n’est pas nouveau, et ça n’a pas été inventé par les pontes du marketing beaujolais. Il a toujours existé, dans le Beaujolais comme dans toutes les régions viticoles. Il y a le bourru dans le Bordelais, le nouveau en pleine fermentation dans les winstubs en Alsace, du Nouveau dans le Rhône,… c’est un plaisir, saisonnier, souvent local, à ne pas négliger.

Notre célèbre sommelier Eric Boschman explique d’ailleurs que le vin nouveau marque simplement le temps qui passe. Que depuis que l’homme fait du vin, il s’est échiné à le conserver au mieux. Mais malgré tous les efforts, pendant bien longtemps, rien ne fut trouvé. Le vin nouveau était alors le meilleur des vins vu qu’ensuite, il tournait plus ou moins rapidement au vinaigre. Ce qui était et reste nettement moins agréable pour discuter le coup jusqu’au bout de la nuit en boulotant tous les saucissons et autres cochonnailles qui nous tombent sous la main. Le Beaujolais Nouveau n’est pas un phénomène isolé mais un marqueur de saison. Et c’est aussi une récompense, à la fin des vendanges, le travail abattu, on fête la belle récolte en sifflant le vin nouveau, tout sur le fruit, tout festif. 

Le Beaujolais nouveau de petits producteurs

Il ne faudrait pas non plus se laisser enfumer par ceux qui prétendent que tous les Beaujolais Nouveaux sont produits par des méga-industriels-hyper-méchants-et-vendus-à-la-cause-de-Bayer-et-Monsanto. Le vignoble du Beaujolais a souffert de sa mauvaise réputation, de l’ombre que le phénomène beaujolpif a porté sur ses vignerons et les crus de la région, du comportement de mouton des consommateurs, toujours heureux de hurler les derniers slogans à tue-tête. Mais des vignerons convaincus, bosseurs, passionnés, ont persévéré pendant les années de disette pour démontrer tout le potentiel de la région. Ils proposent aujourd’hui de très bons vins dans les différents crus du Beaujolais. Il y en a dix et ils répondent aux noms charmants de Morgon, Juliénas, Fleurie, Brouilly, Cote-de Brouilly, Moulin-à-Vent, Chénas, Saint-Amour, Chiroubles et Régnié. Et bien ces vignerons ont souvent le bon goût de proposer également un Beaujolais Nouveau, qu’il soit Village ou pas. C’est celui-là qui ensoleillera vos soirées.

Evidemment, il ne faut pas demander à un Beaujolais Nouveau d’être un Pétrus, pour une dizaine d’euros la bouteille, à base de gamay, quelques semaines à peine après les vendanges, ce serait de la science- fiction. Par contre, on peut lui demander d’être fruité, floral, légèrement épicé, avec une pointe d’acidité, agréablement gouleyant et super convivial. Et pour redécouvrir le Beaujolais Nouveau et tous les autres, n’hésitez pas à venir découvrir la sélection de vins du Beaujolais de Rob The Cellar.